En ces tumultueux
débuts de l’année 2004, des événements absolument
décisifs se manifestent, avec force, à l'abri de leurs propres
dissimulations à l'oeuvre, qui sembleraient chargées d'en
obturer, d'en atténuer la véritable importance, le
caractère certain d'une mise en convergence tragique, engagée
dans la direction d'un reversement final des temps et du sens actuel de
l'histoire du monde à sa fin. Car il est désormais chose
parfaitement acquise qu'à présent nous allons
inéluctablement vers «la fin d'un monde», expression empruntée
à René Guénon.
Bien sûr,
les actuelles gesticulations paranoïaques de ce que Bill Clinton avait
appelé la «Superpuissance Planétaire des Etats-Unis»,
engagée comme celle-ci se trouve dans son incroyable entreprise
d'ingérence - dans les termes d'un conflit armé de dimensions,
d'implications planétaires - au Moyen-Orient, sous le prétexte
d'une mise au pas définitive de l'Irak, et de la liquidation du
régime national-révolutionnaire de Saddam Hussein hier encore au
pouvoir à Bagdad, captivent pour le moment tout l'horizon de
l'actualité en cours, mobilisent exclusivement notre attention (à
très grand tort d'ailleurs, ainsi qu'on s'en apercevra au cours du bref
texte présent, qui est aussi autre chose qu'une simple préface).
Tentative
d'ingérence des Etats-Unis au Moyen-Orient qui n'est de toutes les
façons que la reprise, la répétition, à un niveau
autrement supérieur, de leur précédente entreprise
d'ingérence directe dans l'ancienne Yougoslavie - en Bosnie, au Kosovo,
en Macédoine, en Serbie même - ayant finalement abouti à la
mainmise politico-stratégique totale des Etats-Unis sur l'ensemble du
Sud-Est du continent européen, avec l'Albanie comme base de
contrôle et de manoeuvre arrière.
Cependant,
contrairement à certaines apparences fallacieuses, le véritable
centre de gravité de l'actuelle situation politique planétaire ne
se trouve pas au Moyen-Orient, et ne concerne que d'une manière toute
relative les séquelles de l'offensive des Etats-Unis contre l'Irak, et
cela même en ce qui concerne les raisons occultes et même plus
qu'occultes de cet assaut aux buts avoués de dévastation totale.
Le véritable centre de gravité de l'actuelle politique
planétaire dans son ensemble, se trouve, en réalité, en
Europe, et concerne les actuels efforts d'intégration impériale
européenne autour du Pôle Carolingien franco-allemand et des
relations ultérieures que celui-ci entend entamer d'urgence, et
approfondir en termes de destin - dans les termes mêmes du «plus grand
destin», historique et suprahistorique - avec la «Nouvelle Russie» de
Vladimir Poutine : en réalité, c'est le projet encore
relativement confidentiel, en cours de réalisation, de l'axe transcontinental
Paris-Berlin-Moscou qui marque l'avancée réellement
décisive des changements révolutionnaires actuels à
l'échelle européenne grand-continentale de dimension et de
prédestination impériale eurasiatique.
Cependant
l’actuelle grande politique européenne est - et ne saurait absolument
pas ne pas l'être - une politique fondamentalement conspirative. Il ne
faut surtout pas avoir peur des mots. Une politique fondamentalement
conspirative parce que tout l’ensemble de ses options opératives
majeures se passe dans l'ombre, essentiellement dans l'ombre,
protégé par des dispositifs spéciaux de diversion
stratégique et de désinformation sous contrôle, visant non
pas tellement à détourner l'attention des Etats-Unis sur ce qui
est en train de se passer à l’heure présente en Europe - rien ne
saurait vraiment rester caché devant la surveillance permanente des
services de renseignements politico-stratégiques de Washington - mais
pour que, dans la mesure du possible, les apparences immédiates de la
marche des choses en cours s'en trouvent maintenues en marge,
désubstantialisées, déportées loin de la
véritable réalité, de la portée décisive du
processus de l'intégration impériale européenne en cours.
Une fausse réalité de rechange remplace en permanence la
véritable réalité en action, le devenir politique dans ses
dimensions immédiatement révolutionnaires, fausse
réalité dont il faut savoir qu'elle se trouve
émasculée à dessein, subversivement poussée en
avant pour qu'elle fasse diversion, dédramatise, désarme les
alertes par trop proches du dessous des choses. De manière à ce
que la réalité révolutionnaire impériale
européenne ne risque pas de passer pour une provocation abrupte à
l'égard de la «ligne générale» des intérêts
vitaux des Etats-Unis ; et aussi pour que ceux-ci ne parviennent quand
même pas à tout saisir du processus d'intégration
impériale européenne grand-continentale qui, souterrainement, se
poursuit d'une manière inéluctable. Qui va de l'avant,
malgré les empêchements de la stratégie négative
américaine engagée à contrer, dans l'ombre, la succession
des grandes opérations politiques planifiées conjointement par
Paris, Berlin, Moscou et, aussi, par New Delhi et Tokyo, en vue d'un seul et
même objectif politico-stratégique final, qui est celui de l'affirmation
impériale de la plus Grande Europe continentale de dimensions «euroasiatiques», de l'affirmation révolutionnaire du grand «Empire
Eurasiatique de la Fin» .
Même si
Jacques Chirac a quand même cru devoir parler, en cette occurrence, d'un
«Pacte Refondateur» du traité franco-allemand de Gaulle-Adenauer de
1963, les célébrations officielles de celui-ci, qui ont eu lieu
à Versailles à la fin janvier 2003, n'ont pourtant pas
laissé surprendre ce qui se cachait derrière : à savoir,
la mise en branle du processus souterrain d'intégration politique de la
France et de l'Allemagne, de manière à ce que, à terme, on
arrive à ce que Alexandre Douguine appelait, dans un éditorial
retentissant, depuis Moscou, l’ «Empire Franco-Allemand». «Vive l'Empire
Franco-Allemand» avait-il intitulé son éditorial
véritablement révolutionnaire, aussi décisif que
visionnaire, et qui restera comme tel dans l'histoire de la plus Grande Europe
à venir.
Car il s'agit
d'un «Empire Franco-Allemand» qui doit constituer le pôle
historiquement fondationnel de l' «Imperium Ultimum» grand-continental
eurasiatique, son «Pole Ouest» , l’autre pôle, le «Pôle Est»
devant être constitué par la Russie et, derrière la Russie,
par l’Inde et le Japon : quinze jours après la reconnaissance formelle,
à Versailles, du «Pacte Refondateur» franco-allemand, le
Président Vladimir Poutine se rendait en visite officielle d'Etat
à Paris, alors que le premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre
Raffarin, se rendait, au même moment, à New Delhi, où il
poursuivait des entretiens politico-stratégiques confidentiels avec le
Premier ministre indien, Adel Bihari Vajpayee. Et l'on serait peut-être
en droit de considérer que les entretiens à New Delhi de
Jean-Pierre Raffarin avec Atal Bihari Vajpayee avaient été
préparés lors de la récente visite officielle de plusieurs
jours à Paris du Vice-Premier ministre indien, L. K. Advani,
représentant, au sein du gouvernement de l'Union Indienne, de l'aile
dure, révolutionnaire, du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party
(BJP). Pour ceux qui savent, l'histoire, la «grande histoire», tout en
faisant semblant de se passer au grand jour, ne développe jamais la
tragique spirale de sa marche que dans les coulisses, dans l'ombre profonde de
derrière ce que l'on laisse apercevoir à ceux qui «n'en sont pas».
De toutes les
façons, une chose est absolument certaine : ce qui à
présent se trouve ainsi mis en marche, désormais ne
s'arrêtera plus. Dans le secret, ou pas.
Le moment est
donc venu, néanmoins, pour que l'on ne dissimule plus la
réalité encore voilée d'une situation de fait sans issue
autre que celle d'une conflagration planétaire totale : si la plus
Grande Europe continentale, «eurasiatique», est faite, qui, aujourd'hui,
conspirativement, est très précisément en train
d'être faite, les Etats-Unis s'en retrouveraient relégués,
de par cela même, dans la situation d'une puissance de deuxième,
voire même de troisième rang. Il apparaît donc comme tout
à fait évident que le but politico-stratégique
planétaire suprême des Etats-Unis ne saurait être que celui
de s'opposer par tous les moyens à l'avênement de l’ «Empire
Européen» grand-continental de la fin. Et réellement par tous
les moyens, y inclus celui d'une guerre préventive - d'une guerre
nucléaire-éclair - des Etats-Unis contre l'Empire
Européen. C'est ce que les responsables politiques européens,
ceux qui détiennent entre leurs mains les futures destinées de la
plus Grande Europe, se doivent d'avoir en permanence à l'esprit. Car
c'est bien là le dernier mot, la pierre d'achoppement et la
suprême épreuve. L'épreuve du feu.
On atteint
là à une situation de rupture permanente. Et c'est
précisément ce qui, dans ce contexte de «limite ultime»,
instable, essentiellement équivoque et tragique, expliquera les
conditions conspiratives dans lequelles le processus impérial
européen grand-continental se trouve actuellement entamé et
poursuivi derrière la façade des apparences
désinformatives et engagées dans la dialectique agissante d'une
stratégie de diversion permanente, façade qui est celle de la
situation visible des choses que l'on s'efforce de maintenir, à dessein,
sous un jour singulièrement décevant, comme piétinant
indéfiniment sur place, perdue d’indécision et de faiblesse,
dépourvue de toute chance d’«arriver à son but» . Désinformer,
donc.
Alors que la
situation invisible se trouve être tout le contraire de celle que
montrent ses apparences stratégiquement trafiquées,
dissimulantes, le projet - par exemple - de l'axe Paris-Berlin-Moscou
étant, à l'heure présente, pratiquement en état
d'aboutir. Or l'axe Paris-Berlin-Moscou représente notre bataille
décisive.
Car, pour un
certain temps encore, la grande politique européenne continentale devra
donc être conduite comme une politique à deux identités,
à deux niveaux antagonistes de visibilité, une politique
essentiellement conspirative, une politique à la fois visible et
invisible. Une fausse politique visible, et une réalité
révolutionnaire en action, invisible.
Et c'est bien ici
que va se laisser surprendre - ainsi que je n'ai pas cessé de le dire
moi-même, depuis longtemps déjà - l'extraordinaire
importance révolutionnaire directe des chaînes activistes - et
depuis quelque temps, suractivées - européennes grand-continentales
constituées par les «groupes géopolitiques», dont la mission
avait été - et l'est toujours - celle de veiller au
développement ininterrompu d'une certaine prise de conscience
impériale géopolitique national-révolutionnaire au sein
des pays de la plus Grande Europe, mouvance agissant, déjà,
au-delà des clivages nationaux, dans une perspective de plus en plus
impériale, mouvance décisive, mouvance porteuse de la «grande
histoire» dans sa marche souterraine.
Ainsi, dans le
présent ouvrage, qui est un livre singulièrement dangereux,
à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, je n'ai moi-même
rien fait d'autre que de témoigner en continuité de la marche en
avant, des développements conséquents d'une certaine conscience
impériale révolutionnaire grand-européenne. Etape par
étape. En accompagnant ainsi son propre cours, et le plus souvent en le
devançant, et de beaucoup : ce n'est pas un travail analytique suivi que
j'ai entrepris de faire là, mais un travail fondamentalement
visionnaire, dont l'horizon propre se situait dans l'histoire de l'au-delà
de la fin de l'histoire.
Le premier
article repris dans le présent ouvrage, intitulé La doctrine
géopolitique de l'URSS et le «Projet Océanique Fondamental» de
l'amiral G.S. Gorchkov, était paru en février 1977, et le
dernier, intitulé Vladimir Poutine dans la perspective eschatologique de
la «Troisième Rome» . L' «homme du Kremlin, l'homme des batailles
finales, en février 2003. De l'un à l'autre, le processus de la
naissance et des développements révolutionnaires de l'actuelle
conscience politique grand-continentale européenne s'y trouve suivi
à la trace sur un quart de siècle et plus : chaque chapitre de ce
livre marque une étape ascendante de la nouvelle conscience
révolutionnaire supra-nationale de visée impériale,
secrètement eschatologique, dont ce livre se situe en avant-garde.
Et cela
très précisément à mesure que l’évolution
des événements visibles et invisibles de l'histoire mondiale en
cours se trouvait elle-même de plus en plus engagée dans une
dialectique de convergence impériale, suivant l'émergence
progressive du concept d'un nouveau «grand destin» révolutionnaire
final devant intégrer I'ensemble géopolitique de ce que nous
appelons l’ «Empire Eurasiatique de la Fin» .
Or, dans les
faits, ce concept agissant d'un nouveau «grand destin» impérial
européen répondait lui-même à l'émergence
prévue de la «Nouvelle Russie» dans le cours de l'actuelle histoire
européenne du monde : une «nouvelle Russie» considérée,
donc, comme l'agent révolutionnaire prédestiné des
changements d'ordre abyssal qui allaient devoir s'y produire à terme.
L'appel de l'histoire, retentissant depuis les profondeurs, l'a emporté
sur le sommeil dogmatique de la Russie empêchée d'être. Et
la «Nouvelle Russie» elle-même apparaissant - mais n'est-ce pas plutot
réapparaissant qu'il faudrait dire - dans le cours de l'histoire
actuelle à travers l'avènement providentiel de l’ «homme
prédestiné», du «concept absolu» Vladimir Poutine, incarnant
la «Nouvelle Russie» et tout ce que signifie celle-ci par rapport aux changements
immenses déjà en cours où à venir dans l'histoire
du monde happée par le vertige de sa propre destination finale.
Ainsi l'ensemble
de textes constituant le présent ouvrage représente-il le
cheminement intérieur de la spirale d'une prise de conscience
géopolitique impériale grand-continentale qui devait - d'avance,
et très nécessairement - aboutir aux conclusions finales qui sont
actuellement, ici, les siennes. Et, comme tel, le présent ouvrage se
doit d'être reconnu comme un livre de combat total, montrant quels sont
les chemins actuels de toute prise de conscience géopolitique
impériale grand-continentale. En même temps, au-delà des
chemins de l'évolution intime d'une certaine conscience
géopolitique finale, on pourra y trouver le secret agissant, le secret
vivant de l'expérience spirituelle de pointe, qui est celle de
l'illumination dialectique s'attachant à l'apparition de cette
conscience même, expérience spirituelle de pointe que l'on peut
tenir pour une libération, pour une délivrance, pour une prise de
pouvoir secrète.
La grande
géopolitique, la «géopolitique transcendantale» est, en effet,
une mystique révolutionnaire en action, qui doit aboutir au pouvoir
absolu de la conscience sur la politique et, au-delà de la politique,
sur la «grande histoire» elle-même, parce que la conscience
géopolitique finale s'identifie, à présent, à la
marche de la «grande histoire» vers sa conclusion impériale ultime,
eschatologique, conclusion qui se situe dans l'histoire d'au-delà de la
fin de l'histoire.
«Maintenant,
d’autres temps viennent». Dans la perspective déjà entrouverte
devant nous de cette histoire d’au-delà de la fin de l’histoire,
l’échelle de l’importance des problèmes politico-historiques
change totalement. Là, le double objectif de limite ultime de la «
Nouvelle Russie» apparaît comme étant celui de la
libération de Constantinople et de la délivrance de la
Sainte-Sophie, ainsi que celui de l'établissement d'une relation
fondationnelle à la fois nouvelle et extraordinairement ancienne avec l'Inde
et, derrière l'Inde, avec le Thibet, la Corée et le Japon. «La
Russie, dit Alexandre Douguine, est le pont de l’Europe vers l'Inde».
A son cousin
Nicolas II, qu'il appelait l' «Empereur du Pacifique», Guillaume II
n'écrivait-il pas que l'appartenance de la Corée à la
sphère d'influence directe de la Russie constituait un fait
d'évidence, incontestable ? Nicolas II n'était-il pas ardemment
obsédé par l'intervention en profondeur, par la présence
effective de la Russie au Thibet et en Inde ? N'y avait-il pas entrepris,
suivant les conseils de Badmaieff, des grandes opérations
secrètes en direction du Thibet et de l'Inde ? De son côté,
Vladimir Poutine, en épousant mystiquement la cause abyssale de la
Russie totale, en veillant personnellement sur le régime de la
canonisation pravoslavnique de la Famille Impériale bestialement
massacrée par le communisme soviétique, n'avait-il pas fait sien
l'ensemble des missions eschatologiques de la «Sainte Russie» ? N'a-t-il pas
fait participer directement l'Eglise Orthodoxe à la gérance de la
grande politique actuelle de la Russie, en réintroduisant, ainsi, le
sacré dans la marche de la Russie vers son destin renouvelé, vers
ses grandes missions suprahistoriques à venir ? Ne confesse-t-il pas,
ouvertement, sa propre foi chrétienne, le feu de la foi qui n'a pas
cessé de l'habiter depuis son enfance, ravivé par sa visite
à Jérusalem ? N'a-t-il pas des liens occultes, mais suivis, avec
Rome ?
Ainsi les
actuelles retrouvailles nuptiales de la Russie et de l'Europe vont-elles devoir
imposer le retour du sacré vivant au sein de la communauté
impériale grand-continentale. Ce qui, du coup, va déplacer
à nouveau, et définitivement, le centre de gravité
spirituel du «Grand Continent», depuis les positions matérialistes de
la conspiration trotskiste soutenant les social-démocraties - finalement
chassées du pouvoir, partout en Europe - jusqu'à l'horizon d'une
histoire encore une fois ouverte à l'intervention - aux interventions -
du surnaturel. Ainsi s'annonce l'avènement des temps ensoleillés
d'un nouveau grand retour révolutionnaire à l'être, et
l'abandon salvateur des dominations subversives du non-être. Vladimir
Poutine et l' «Empire Eurasiatique», c'est l'être et le retour de l'être.
L'ensoleillement au-delà de la fin. Ce jour viendra.
Mais il faudrait
peut-être que l'on revienne sur un certain point. En effet, on n'a pas
manqué de me reprocher assez vivement le fait d'avoir produit, dans le
présent livre, une longue série d'articles se suivant dans le
temps, sur des années, plutôt que d'en présenter quelque
chose comme la synthèse finale de la matière proposée par
l’ensemble de ceux-ci ; leur intégration, donc, dans un ouvrage qui en
eût livré une image unitaire, concentrée, globale. Un livre
de synthèse plutôt que cette longue succession d’articles. Mais
ç’eut été, alors, procéder d’une manière
tout à fait opposée à ce que je voulais vraiment faire
ressortir de mon approche du sujet traité, à savoir
l'avènement à l'ordre du jour du concept à la fois
politico-historique et suprahistorique, «transcendantal», de l' «Empire
Eurasiatique de la fin» et des relations prédestinées de
celui-ci avec le président Vladimir Poutine. La montée d'une
pensée géopolitique saisie dans son propre devenir.
Car, si, en
dernière analyse, la géopolitique est une gnose, ainsi que,
désormais, nous sommes déjà quelques-uns à en
être profondément persuadés, ce qui importerait alors ce
serait de pouvoir révéler aussi le processus même de la
naissance gnostique, de l'avènement au jour de la conscience
géopolitique finale, accomplie. Surprendre, donc, le processus
initiatique de la conscience géopolitique en train de s'élever
d'elle-même à l'occident suprême de sa propre
identité finale, définitive. En fait, si la naissance à
elle-même de la conscience géopolitique ultime reproduit
l'héroïque montée de la spirale initiatique vers ce qui
l'attire dans les hauteurs, il est certain que cette montée
elle-même se doit d'être montrée, ici, au moins autant que
la prise de conscience ultime à laquelle celle-ci entend finalement
aboutir. Non seulement son aboutissement, mais son cheminement aussi.
Or, surprendre le
processus de la montée initiatique en marche vers son accomplissement
ultime - le parcours géopolitique ultime, en l'occurrence, de celle-ci vers
le concept de l’«Empire Eurasiatique de la Fin» - n'est en
réalité pas autre chose que suivre son cheminement à
travers la série d'articles dont la succession aura constitué,
dans le temps, cette montée même : il y a là l'explication
entière du choix de la structure d'exposition que j'ai cru devoir
imposer au présent ouvrage. Une simple suite d'articles ?
Peut-être. Mais, au-delà de cela, il y a, aussi, autre chose. Une
suite d'articles, embrasée par le feu d'une «conscience ultime».
L'aura-t-on compris
? C'est le témoignage vécu concernant l'expérience en
marche d'une conscience géopolitique en train de s'accomplir qui
constitue lui-même cette conscience, dont l'accomplissement va pourtant
au-delà de l'expérience qui l'aura véhiculé, parce
qu'il en est lui-même l'assomption conceptuelle et, au-delà de
celle-ci, ce qui doit finir par le porter à l'action
révolutionnaire immédiate, à l' «action directe».
Et la conclusion
de tout cela va donc apparaître, je crois, comme de par elle-même :
tel qu'il est, le présent ouvrage n'a pas d'autre ambition que celle qui
entend en faire l'outil contre-stratégique décisif d'un combat
total, du combat impérial final des nôtres.
Le vécu
révolutionnaire secret de la géopolitique fonde en
devançant le devenir de la plus grande histoire en cours, son
ministère occulte n'est pas du tout, ainsi qu'on pourrait le croire,
celui d'accompagner en tentant d'expliquer la marche en avant de l'histoire :
au contraire, c'est la géopolitique en tant qu'expérience
gnostique abyssale de l'histoire qui en pose les buts ultimes, et tend en avant
les ultimes raisons eschatologiques en action.
La grille
successionnelle des articles de combat politico-révolutionnaires de
pointe, caillebotis mobilisé à l'oeuvre jour après jour,
qui constitue la substance même du présent ouvrage, est là
pour témoigner, sur un quart de siècle, du fait que la conscience
géopolitique d'avant-garde n'a pas fini de précéder le
devenir révolutionnaire de l'histoire en cours ; que, en fait,
l'histoire en marche ne cesse de suivre l'émergence visionnaire d'une
certaine conscience géopolitique, dont, finalement, les fondations
occultes se révélent ainsi comme étant d'une nature
providentielle. C'est précisément ce que, dans la correspondance
intérieure, hautement confidentielle, de la Société de
Jésus, on appelait, au XVIIIème siècle, le «dessein
secret de l'Empereur» . Non pas de l'Empereur de Vienne, mais de l' «Empereur
des cieux» . Or là, tout est dit.
L'action
géopolitique participe donc d'une double nature qui lui est propre :
elle véhicule l'inspiration providentielle directe de l'histoire, de la
plus grande histoire, et conduit ainsi, en même temps,
secrètement, les développements politico-historiques de
l'histoire dans sa marche en avant immédiate.
Aussi, dans un
certain sens, c'est bien la somme en mouvement des articles circonstanciels
rassemblés dans le présent ouvrage qui aura fait l'histoire du
monde actuellement en marche et déjà si proche de sa fin ; et
cela qu'on le sache ou pas.
Autant de pas en
avant vers la prise de conscience révolutionnaire devant mener à
la constitution de la «Forteresse Grand-Européenne» appelée
à faire face à l'encerclement politico-militaire en cours
d'installation par les Etats-Unis engagés dans leur politique d'emprise
planétaire finale, «Forteresse Grand-Européenne» prévue,
aussi, pour déstabiliser, pour neutraliser les nouvelles directions
politico-historiques d'un monde qui approche, subversivement, et d'une
manière de plus en plus accélérée, de la «crise
planétaire finale» envisagée par les desseins secrets de l' «Anti-Empire» actuellement déjà en place à Washington. «Forteresse Grand Européenne» dont le centre de gravité
contre-stratégique planétaire se trouve souterrainement
mobilisé par la «Nouvelle Russie» de Vladimir Poutine, dont la
prédestination impériale et eschatologique finale changera
bientôt la face du monde et de l'histoire. En effet, on peut le
prédire tout changera, et définitivement.
Jean Parvulesco
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